Voyage au cœur de notre « Cinéma intérieur » avec Lionel NACCACHE, neurologue et chercheur en neurosciences

Et si, la plupart du temps, en croyant « voir la réalité des choses », nous n’étions pas tout simplement en train « de nous faire un film »?

Dans son livre « Le Cinéma intérieur. Projection privée au cœur de la conscience. » (Odile Jacob, 2020), le neurologue et chercheur en neurosciences Lionel NACCACHE explique comment notre cerveau produit notre perception du monde et de nous-même. Nous pensons voir la « réalité », mais ce que nous voyons n’en est qu’une représentation.

La perception visuelle de ce qui nous entoure est en effet le résultat de nombreuses opérations effectuées sans que nous en ayons conscience (ce sont des processus automatiques).

Notre cerveau reconstitue notamment, à partir de clichés photographiques successifs pris par notre œil (13 images par seconde), le film de ce que nous pensons « voir ». Il crée les couleurs à partir des différentes longueurs d’onde de la lumière captées par notre rétine, il efface telle une steady-cam les saccades par lesquelles nos yeux se déplacent d’un point à un autre. Il nous donne ainsi une impression de continuité, comme si notre vision était une simple fenêtre ouverte sur le monde, alors que l’oeil est plutôt un capteur et que c’est bien notre cerveau qui reconstitue – à partir des informations collectées mais pas seulement – le film qu’il projette sur la toile de notre esprit.

D’où un écart entre « ce que nous pensons voir » et la « réalité ». Par exemple, même si nous pouvons être persuadé d’avoir retenu chaque détail d’une scène, Lionel Naccache nous explique, preuves scientifiques à l’appui, que tout ce que nous avons gardé est une image falsifiée, où seuls persistent les détails que notre cerveau a sélectionnés.

Envie de tester ? 

Allez découvrir sur cette vidéo de Dan Simmons et Christopher Chabris deux équipes de joueurs se faire des passes : les joueurs en blanc s’échangent leur balle entre eux, tandis que les joueurs en noir font de même avec leur propre ballon. Votre défi, si vous l’acceptez, consiste à regarder cette vidéo en comptant attentivement le nombre de passes que se font les joueurs en blanc. Vous saurez à la fin si vous avez trouvé le bon nombre de passes. Bon visionnage !

Il existe bien d’autres dispositifs expérimentaux qui permettent de prendre conscience de ces automatismes de notre cerveau concernant la vision, notamment grâce à ce que l’on appelle les « illusions d’optique ».

Pour complexifier le tout, il faut savoir que ces images à partir desquelles notre cerveau monte le « film de notre vision » s’intriquent avec celles produites par l’imagination, le rêve, les hallucinations et la mémoire, passées au filtre de notre inconscient.

Plus loin ?

Lionel Naccache ouvre également la réflexion sur la nature même de notre conscience. Plusieurs travaux récents auraient montré que la dynamique cérébrale de notre flux de conscience se constituerait peut-être de successions de périodes conscientes et inconscientes, bien que nous ayons l’impression, à l’état d’éveil, d’être continûment conscients.

De la même manière que le cerveau produit une illusion de continuité filmée à partir d’images, nos moments de conscience seraient mis bout à bout pour produire une impression de conscience continue dans le temps. Notre flux de conscience serait en réalité une alternance de moments d’envol (inconscients) et de moments (conscients) où notre esprit se poserait sur le réel comme un oiseau sur la branche.

En le lisant, je me suis dit: et si l’hypnose était un moyen d’utiliser à notre profit cette capacité de notre cerveau ?

En résumé ?

Ce livre nous montre que nous nous faisons des films en permanence. Et qu’ils sont à l’origine du sens que nous attribuons au monde.

Nous percevons ce qui va dans le sens de ce que nous croyons.

Nos consciences sont tissées de ce que Lionel Naccache appelle nos fictions – interprétations – croyances (FIC).

En conclusion, un bref extrait du livre (p.173 /174) :
« Prendre conscience de la manière dont nous nous percevons et dont nous percevons le monde conduit à comprendre plus facilement que les autres le perçoivent autrement que nous, et se perçoivent autrement que nous les percevons. »

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